La version PDF de ce tract est téléchargeable à la fin de l’article. N’hésitez pas à le diffuser. CONTRE LA CRISE SPÉCULATIVE DU LOGEMENT, ORGANISONS-NOUS ! De l’appauvrissement au mal logement Nous voilà plongéEs dans une crise dont on veut nous faire payer l’addition. Les plans d’austérité, les plans sociaux et les coupes budgétaires aggravent […]
D’une lutte face au mal-logement à la régularisation de tous les sans-papiers – Tract de l’Assemblée Libertaire de Caen

Depuis mardi 25 juin, un ancien foyer est occupé au 202 rue de Bayeux par l’Assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions. L’ouverture de ce squat fait suite à l’expulsion d’environ 70 personnes de leur foyer d’hébergement d’urgence. Ces expulsions, qui ont lieu partout en France, sont présentées comme inévitables face à la « crise » qui nous frappe. Cette crise dont on nous rabâche les oreilles ne touche qu’une partie des populations: les fractions les plus pauvres et les plus marginalisées. Par ailleurs, la crise vient toujours camoufler un renforcement du système capitaliste par le biais de destruction des services publics, de la casse du droit du travail, de criminalisation des plus pauvres et des sacrifices demandés aux plus démuniEs. Sans surprise, l’Etat met à mal les quelques droits qu’il nous a un temps lâché, tout en renforçant son contrôle sur tous les aspects de nos vies.
L’une des premières conséquences des politiques d’austérité, c’est l’accès au logement plus difficile encore. Aujourd’hui, il y a plus de 3,6 millions de mal-logéEs en France, et au moins 130 000 SDF. Les expulsions locatives sont quant à elles de plus de 100 000 chaque année. Mais au-delà des politiques d’austérité, c’est la propriété privée, à la base du capitalisme, qui crée les conditions de mal-logement. Aujourd’hui, pour une bonne partie des populations le seul moyen de se loger c’est soit de consacrer une part exorbitante de son budget dans un loyer, soit de rembourser un prêt tout au long de sa vie. Pendant ce temps-là, d’autres spéculent et s’enrichissent, nourrissant le coût important de l’immobilier (1). Ces spéculations se traduisent notamment par des logements qui restent inoccupés pendant que des gens sont jetés à la rue. Dès lors, il est bien légitime d’occuper ces habitations vides.
Les problèmes de logement ont un autre effet pernicieux: les garanties demandées sont de plus en plus élevées et les procédures de plus en plus compliquées. Elles excluent de fait les personnes isolées, les plus vulnérables, les sans-papiers… En effet, ces derniers ne peuvent évidemment pas fournir les documents exigés. C’est aussi le cas de nombreux immigrés en situation régulière, qui en plus de faire face au racisme, ont des difficultés à répondre aux exigences bureaucratiques. Une personne en demande d’asile n’a par exemple le droit qu’à une allocation de 336E par mois, et n’a en même temps pas le droit de travailler légalement. Cette aide ne permet évidemment pas d’accéder au logement et aux besoins les plus élémentaires. Des structures d’accueil existent mais le désengagement financier de l’Etat ne leur permet plus de fonctionner (2). Et comme souvent, ce sont les étrangerEs qui sont les premiers frappéEs par les coupes budgétaires : ce sont pour le moment eux qui sont jetés à la rue, avant que tout le monde ne soit concerné (c’est 700 places en foyer qui doivent fermées d’ici la fin de l’année dans la région).
Cette exclusion des étrangerEs est donc organisée. Elle est aujourd’hui accentuée par la montée du nationalisme, autant à travers les groupuscules d’extrême-droite que par sa banalisation au sein des grands partis (3). Taper sur les immigréEs pour entretenir le mythe des étrangers qui volent le pain et le travail des autochtones n’est en fait qu’une piètre tentative pour masquer les effets dévastateurs du capitalisme. Le nationalisme a toujours servi les intérêts des plus puissants, tout en cherchant à séduire une partie de l’électorat (même parmi les plus dominéEs) grâce à des annonces et mesures populistes (c’est explicite en Grèce aujourd’hui). A l’heure du capitalisme globalisé, la libre circulation des marchandises et des plus riches s’accompagne des mesures les plus liberticides. Ainsi, on construit des prisons qu’on appelle centre de rétention administrative, et on renforce les contrôles aux frontières. A mesure que les taux de profit croissent, les frontières deviennent poreuses pour les plus riches, mais se ferment pour la majeure partie des populations mondiales. Cette fermeture est parfois explicite à travers les murs entre Israël et Palestine, Etats-Unis et Mexique, Inde et Bangladesh. A ces barrières physiques aux frontières s’ajoutent un renforcement des forces de l’ordre, et un développement du contrôle, de la surveillance et des violences.
FRONTEX en est le parfait exemple. Cette agence européenne est chargée de la performance du contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne et de la coopération européenne entre Etats membres et avec les Etats limitrophes. Elle a notamment organisé la sous-traitance de la gestion des migrantEs africainEs à la Lybie de Khadafi à l’époque. Le spectre de l’invasion étrangère a été ressortie avec son lot de prisons pour étrangers, sa bureaucratie xénophobe, sa militarisation des frontières et de la police, et c’est toujours la liberté qui recule.
Le squat ouvert au 202 rue de Bayeux n’est pas le seul de ce genre en France. Partout, ce type d’occupation se multiplie (Bourg-en-Bresse, Dijon, Poitiers, Toulouse, etc.) pour faire face au fait que les places en foyer d’hébergement diminuent drastiquement, et que des gens sont jetés à la rue. A Caen comme ailleurs, il ne s’agit pourtant pas seulement d’héberger des gens mis à la rue, mais aussi et surtout de lutter et de créer avec eux une dynamique pour obtenir leur relogement et au-delà leur régularisation., condition pour qu’ils et elles puissent travailler légalement, obtenir un logement de façon autonome, avoir un minimum de droits et tout simplement vivre plus décemment. Au-delà d’une régularisation au cas par cas, il s’agit d’exiger la régularisation de tous les sans-papiers. Quant à nous, nous entendons bien ne pas nous arrêter là, jusqu’à en finir avec les frontières et le capitalisme.
Ni papiers, ni frontières !!!
(1) Les spéculateurs ne sont pas seulement les grands propriétaires et les banques, c’est aussi les bailleurs sociaux, les collectivités territoriales, l’Etat qui en plus organise la gentrification (remplacer les classes populaires par les classes moyennes et supérieures dans une ville ou un quartier) à travers les rénovations urbaines qu’il met en œuvre.
(2) La situation est telle que des travailleurs sociaux envoient des gens jetés à la rue au foyer squatté rue de Bayeux à Caen… Par ailleurs, il y aurait beaucoup à dire sur l’organisation de l’exclusion à travers des foyers et l’infantilisation qui y règne.
3) De la rafle policière à Barbès deux jours après la mort d’un antifasciste sous les coups de nervis nationalistes révolutionnaires aux expulsions de camps de Roms, en passant par l’autocongratulation de Manuel Valls d’expulser davantage d’étrangers qu’à l’ère Sarkozy (24 000 en 2006, 32 900 en 2011, 36 800 en 2012), la « gauche plurielle » ne s’en cache plus.
L’Assemblée libertaire regroupe sur l’agglomération caennaise des personnes qui s’organisent pour résister au quotidien à l’exploitation capitaliste et à la domination étatique, dans une perspective révolutionnaire.
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